Organiser la Journée de la non-violence éducative

Peps-003-Couverture

ORGANISER LA JOURNÉE DE LA NON-VIOLENCE ÉDUCATIVE

Article de Anne-Marie Bosems, Brigitte Guimbal Catherine Dumonteil Kremer et Nathanaëlle Bouhier Charles,
paru dans le numéro 3 de PEPS au printemps 2013.

Depuis 2004, autour du 30 avril, des parents de France, de Belgique et de Suisse se mobilisent pour la non-violence éducative. Et si vous les rejoigniez ?

Il existe un « No spank day1 » aux États-Unis depuis 1998. En 2004, cela a donné à Catherine Dumonteil-Kremer l’idée de proposer aux membres de la liste de discussion Parents Conscients2 de créer une journée dédiée à la promotion d’autres façons d’élever ses enfants, sans claque ni fessée, sans chantage, sans menaces et sans punition.

Dès la première année, des rencontres se sont organisées dans toute la France, animées par les parents, l’association La Maison de l’Enfant3 se chargeant de coordonner et centraliser les actions. Depuis, la journée se renouvelle tous les ans autour de la même période4.

Les rencontres peuvent prendre des formes extrêmement variées, de la plus simple à la plus organisée. Quelques exemples : une année, des parents ont fait le choix d’informer tous leurs proches de leur mode d’éducation, en envoyant un mail explicatif accompagné de références bibliographiques ; certaines personnes ont organisé des pique-niques discussions dans des parcs ou dans leur jardin ; d’autres ont préféré mettre en place des réunions un peu plus formelles dans des salles communales, des ludothèques, des maisons de quartier, des cafés alternatifs. On a pu trouver aussi des stands d’information sur des places ou des marchés, des expositions, des conférences d’Olivier Maurel, de Catherine Dumonteil-Kremer, d’Isabelle Filiozat, de Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau et de Sophie Benkemoun. Autres événements mis en place : théâtre forum5, saynètes de rue, jeux de rôle, ateliers de CNV6, spectacles pour les enfants, concerts, projections de vidéos, lectures de textes…
Avec un groupe déjà constitué ou sans encore connaître personne, organiser une rencontre pour le 30 avril est une belle occasion de rencontrer des parents de sa région ayant les mêmes préoccupations.

Un thème différent est proposé chaque année pour aider les parents à entreprendre l’organisation de la journée. Cette année (ndlr 2013), nous vous proposons de partager trois astuces qui ont changé votre vie de famille.

ANIMER UN GROUPE

Se lancer
Le plus difficile est peut-être de vaincre votre inquiétude et votre timidité. Les groupes nous font quelquefois peur, probablement à cause d’expériences négatives à l’école. Cela peut être vrai même pour les animateurs les plus expérimentés ! N’oublions pas que le risque ici est très limité : les personnes qui ont choisi de venir vous seront sans doute reconnaissantes de leur avoir offert cet espace.

Quoi que vous fassiez finalement et quel que soit le nombre de personnes qui participeront à la journée, le fait d’en parler autour de vous, d’inviter les gens, de présenter l’affiche éditée pour cette occasion, de proposer le joli livret « Sans fessée, comment faire ? »7, toutes ces actions auront déjà le mérite de faire connaître cette journée et d’amener les gens à se poser des questions, peut-être même à amorcer des remises en question.

Ouvrir le groupe
Et voilà, des personnes ont répondu « oui » à votre invitation ! Votre groupe va pouvoir commencer ! Pour aider les participants à se sentir en confiance, un accueil individuel et chaleureux est un élément clé. Puis vous pouvez ouvrir le groupe en définissant ses objectifs et son mode de fonctionnement, et démarrer ensuite un tour de présentation, plus ou moins détaillé selon votre choix. Les tours de parole sont rassurants, chacun sait qu’il aura un temps pour s’exprimer et être écouté. Vous pouvez demander une présentation rapide, puis partir sur une discussion collective, ou bien une présentation plus détaillée, qui entraînera déjà des échanges. Si vous choisissez les options avec lesquelles vous vous sentez le plus à l’aise, les thèmes qui vous semblent les plus intéressants, il vous sera plus facile de rentrer vous-même dans le cercle, tout en vous assurant que chaque personne peut s’exprimer et être accueillie sans jugement.

Et les enfants ? S’ils sont présents, la dynamique du groupe sera différente. Les échanges seront peut-être moins profonds, parce que l’attention des parents sera partagée. Mais cela peut permettre à des personnes qui ne peuvent pas les faire garder de participer au groupe, et peut aussi rendre l’ambiance plus conviviale et détendue.

À quoi s’attendre ?
Quelques écueils peuvent se trouver sur notre chemin :
– Les jugements : Chaque parent a un chemin à parcourir pour prendre du recul vis-à-vis de l’éducation qu’il a reçue. Il peut être utile de parler de nos erreurs et de nos progrès, et de rappeler notre conviction que chacun fait de son mieux, pour que les participants puissent parler de leurs difficultés sans peur de se sentir jugés. Ne pas hésiter à interrompre gentiment tout jugement ou conseil.
– Le déni de la violence : « Mes parents ne m’ont jamais frappé. » C’est possible, mais n’oublions pas que le pic de la maltraitance se situe vers deux ans. Il est surtout possible que l’on ne s’en souvienne pas, et que nos parents se sentent trop culpabilisés pour le reconnaître.
– Le déni du ressenti : « J’ai reçu des fessées et je ne m’en porte pas plus mal ! » Tous les enfants souffrent de recevoir des fessées, même s’ils acceptent l’argument que « c’est pour leur bien ». Et les parents aussi en souffrent, ils sont généralement très contents de découvrir d’autres solutions.

Mais il n’y a pas que des écueils : vous aurez peut-être la surprise de découvrir que la discussion tourne toute seule, que vous pouvez vous laisser porter et y prendre beaucoup de plaisir ! C’est ce que nous vous souhaitons !

Par les petits ruisseaux de notre engagement, la non-violence éducative deviendra une grande rivière, pour le bonheur des enfants !

Ressources
Vous pouvez retrouver toutes les rencontres répertoriées par région sur le site de la Maison de l’enfant :
http://www.wmaker.net/maisonenfant/Les-manifestations-du-30-avril-2016_a306.html

et annoncer la vôtre en écrivant à l’adresse suivante :
journeedu30avril@yahoo.fr

Les groupes de soutien pour les parents sur Internet :
– la liste de discussion Parents Conscients
fr.groups.yahoo.com/group/Parents_conscients
– la liste L’adolescence autrement pour les parents d’adolescents
https://groups.google.com/forum/#!forum/ladolescenceautrement
– la liste pour animer une réunion le 30 avril
fr.groups.yahoo.com/group/journeedu30avril

Le site de l’association La Maison de l’Enfant, créée en 1998 par Catherine Dumonteil-Kremer, avec de nombreuses ressources :
www.lamaisondelenfant.net

Le livret « Sans fessée, comment faire ? » est désormais disponible en français, en anglais et en espagnol.
Pour le télécharger en français : cliquez ici
Pour le télécharger dans d’autres langues : www.wmaker.net/maisonenfant/downloads

1 Littéralement : « journée sans fessée ».
2 Voir ressources.
3 Voir ressources.
4 Chaque groupe choisit une date qui lui convient, généralement entre le 15 avril et le 15 mai.
5Le théâtre forum permet de rejouer des scènes de la vie réelle qui nous mettent en difficulté, les « spec’acteurs » étant invités à y participer pour essayer leurs idées de réponses.
6« Communication Non-Violente », processus de communication dont l’objectif est d’éviter de blesser la personne à qui l’on s’adresse.
7 Voir ressources

image couv.