Les réactions disproportionnées : Où peuvent-elles nous conduire ?

Je me suis toujours sentie mal lorsque je m’énervais sur mes enfants, et il y a eu un moment où j’ai pensé qu’il était temps que ça change. Mais ce n’était pas une question de volonté, j’étais emportée par le tourbillon de mes émotions et je n’avais aucun contrôle sur moi-même. Pourtant, au fil du temps, j’ai fini par gagner cette bataille. L’un des éléments qui m’y a aidée est l’idée de « réaction disproportionnée ».

La première fois où j’ai entendu cette expression, c’était lors d’un stage de développement personnel. L’animateur nous demandait de rechercher ces moments où nos réponses semblent excessives par rapport aux événements qui les déclenchent. J’ai trouvé que c’était une bonne piste, et j’ai continué ensuite à observer mon comportement. En particulier, chaque fois que je m’énervais ou que j’étais envahie par des émotions qui me faisaient réagir violemment, un petit voyant s’allumait dans ma tête pour m’inciter à me demander : « Ne serait-ce pas une réaction disproportionnée par hasard ? »

Question de pure forme puisque la réponse était toujours positive. Mais qui me permettait de rechercher les causes de ce dérapage. Je me suis rendu compte en particulier que l’une des situations qui me faisaient sortir de mes gonds, c’était lorsque mes trois enfants me demandaient quelque chose en même temps. Bon, des enfants ça a souvent quelque chose à demander, ne serait-ce qu’un petit moment d’attention, alors il n’était pas étonnant que ça tombe parfois au même moment – pas de quoi s’énerver sur eux quand même. Mais alors pourquoi est-ce que cela me faisait un tel effet ?

Donc deuxième étape, j’ai cherché à comprendre ce que je ressentais à ce moment-là. J’ai trouvé que ce qui était invivable pour moi, c’était que je ne pouvais pas répondre aux trois en même temps. Pas très étonnant, et alors ? Et alors cela me mettait dans une situation de culpabilité et d’impuissance, que je « résolvais » en partant en live.

Pour ne pas sentir la culpabilité sur moi, je la reportais sur eux. Puisque je ne pouvais pas répondre, ils « n’avaient qu’à pas » me demander ! Logique, non ?

Ces deux étapes, regarder ce qui déclenchait ma réaction et ce que cela générait en moi, m’ont beaucoup aidée à faire tomber la colère sur le moment.

Comme elle continuait à se déclencher quand même, j’ai voulu aller plus loin.

J’ai cherché quelle était la souffrance qui se réactivait : en l’occurrence, le sentiment que pour être aimée je devais répondre aux attentes des autres par tous les moyens. Ne pas pouvoir
le faire me mettait dans un conflit intérieur inconscient, coincée entre mon sentiment d’incapacité et ma peur d’être rejetée. Et ce conflit faisait resurgir ma colère, que je déversais sur les enfants puisqu’ils en étaient la « cause ».

Il ne restait plus qu’une dernière étape : travailler à guérir cette blessure, pleurer et crier la déception d’une petite fille qui faisait tout bien comme il faut dans l’espoir d’être aimée…

Ainsi, j’ai trouvé que l’idée de réaction disproportionnée pouvait être une aide précieuse dans les situations où nous sommes débordés par ce que nous ressentons. Elle nous invite à chercher à comprendre ce qui se passe en nous plutôt que de nous sentir inutilement coupables, et à réparer ce qui est blessé pour éliminer petit à petit tous ces comportements qui font souffrir nos enfants malgré nous.

Brigitte Guimbal
PEPS n°3