Article de Brigitte Guimbal publié dans le numéro 5 de PEPS
En quelques années, et sur un jugement sommaire, l’enfant-roi est devenu le coupable de tous les maux de notre époque. Caricaturé comme dominateur, égoïste et centré sur son plaisir, il serait le principal écueil auquel risquent de se heurter les parents actuels.
Si l’on en croit certains auteurs, les parents en font trop, ils sont trop permissifs envers leurs « petites merveilles », et ne leur posent aucune limite. Pour ces auteurs, cela produit des enfants à l’ego surdéveloppé, qui ne supportent pas la frustration et qui deviennent des tyrans pour leur entourage. D’après eux, ce serait donc par excès d’amour et par manque d’autorité que nous conduirions nos enfants à devenir tyranniques. Mais est-ce bien le cas ?
Coupable ou victime ?
« Quand j’étais enfant, ma sœur et moi n’avions pas le droit de “vouloir” » raconte Cécile. « Une des formules favorites de mes grands-parents était : “Le roi Je veux est mort, c’est son fils Je voudrais qui l’a remplacé.” Vouloir était une sorte de péché. »
Le concept d’enfant-roi semble s’appuyer sur l’idée que les enfants sont insatiables, qu’ils en veulent toujours plus. Pourtant, si l’on répond de manière satisfaisante aux besoins d’un enfant, quelle raison aurait-il d’être difficile et exigeant ? Les demandes incessantes de l’enfant prétendument roi ne sont-elles pas au contraire un moyen d’exprimer ses manques, d’essayer d’obtenir ce qu’il n’a pas ?