Articles de PEPS

L’enfant roi, nouvel épouvantail éducatif

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Article de Brigitte Guimbal publié dans le numéro 5 de PEPS

En quelques années, et sur un jugement sommaire, l’enfant-roi est devenu le coupable de tous les maux de notre époque. Caricaturé comme dominateur, égoïste et centré sur son plaisir, il serait le principal écueil auquel risquent de se heurter les parents actuels.

Si l’on en croit certains auteurs, les parents en font trop, ils sont trop permissifs envers leurs « petites merveilles », et ne leur posent aucune limite. Pour ces auteurs, cela produit des enfants à l’ego surdéveloppé, qui ne supportent pas la frustration et qui deviennent des tyrans pour leur entourage. D’après eux, ce serait donc par excès d’amour et par manque d’autorité que nous conduirions nos enfants à devenir tyranniques. Mais est-ce bien le cas ?

Coupable ou victime ?
« Quand j’étais enfant, ma sœur et moi n’avions pas le droit de vouloir » raconte Cécile. « Une des formules favorites de mes grands-parents était : Le roi Je veux est mort, c’est son fils Je voudrais qui l’a remplacé. Vouloir était une sorte de péché. »

Le concept d’enfant-roi semble s’appuyer sur l’idée que les enfants sont insatiables, qu’ils en veulent toujours plus. Pourtant, si l’on répond de manière satisfaisante aux besoins d’un enfant, quelle raison aurait-il d’être difficile et exigeant ? Les demandes incessantes de l’enfant prétendument roi ne sont-elles pas au contraire un moyen d’exprimer ses manques, d’essayer d’obtenir ce qu’il n’a pas ?

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 » Dis bonjour à la dame ! « 

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article de Catherine Dumonteil Kremer
publié dans le numéro 5 de PEPS

Je dois aller à la poste, ah oui et puis aussi faire quelques courses… Je marche d’un bon pas comme souvent quand je suis pressée, j’appréhende une longue attente pour l’expédition de mes colis… C’est alors que j’entends ceci : « Il est tout petit ton sac ! », une petite fille m’interpelle, elle n’a pas plus de deux ou trois ans.

Je me retourne et je lui explique que ce sac qu’elle trouve absolument fascinant n’est autre qu’un fourre-tout réutilisable et qu’il a la particularité de se loger dans une poche en forme de fraise. C’est ce qui lui a plu ! Elle a un sourire jusqu’aux oreilles.
Sa maman navigue entre gêne et étonnement, elle a l’air contente quand même qu’une adulte réponde à sa fille. Ce n’est pas si courant, c’est vrai que certains inconnus répondent aux questions spontanées des enfants, mais que d’autres les ignorent inexorablement.

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Non-violent, l’isolement ?

peps07-couvArticle de Brigitte Guimbal
publié dans le numéro 7 de PEPS

Heureusement, fessées et autres violences physiques sont de moins en moins acceptées comme moyen de discipline. Mais alors, par quoi les remplacer ? La réponse la plus répandue actuellement, c’est l’isolement, le point sur cette méthode très en vogue…

L’isolement, ou « time-out », ou encore « retrait », c’est un peu comme mettre au coin, mais pas tout à fait. En principe, il devrait s’agir de la privation d’un renforcement positif (en général, d’exercer une activité agréable avec les autres), d’un temps d’arrêt pour que l’enfant se calme, et non d’une punition. Sous sa forme la plus légère, l’enfant pourrait rester dans le groupe mais ne participerait plus à l’activité. Il peut aussi être assis sur une chaise à l’écart, ou même placé seul dans une pièce. Dans tous les cas, il est recommandé de ne pas laisser l’enfant trop longtemps isolé (de l’ordre d’une minute par année d’âge), ni trop souvent d’ailleurs, sous peine de nuire à l’efficacité de la méthode.

Dans la pratique, la nuance semble très subtile. Ainsi, il y a quelque temps, à Toulouse, un élève de CM1 a passé plusieurs récréations dans un « carré d’isolement » de deux mètres de côté tracé à la craie dans la cour, pour avoir frappé un autre élève avec un stylo [1]. La décision en a été prise sans que les parents en soient informés.

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Les alternatives à la récompense

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Article de Catherine Dumonteil Kremer
publié dans le numéro 7 de PEPS

Ma réflexion est toujours en mouvement au sujet de la récompense. À une époque, j’avais trouvé l’alternative proposée par Faber et Mazlich intéressante : formuler des « compliments descriptifs ».

Il s’agit de décrire l’action de l’enfant : cela lui montre un intérêt évident pour ce qu’il a accompli et nous évite de tomber dans la « récompense verbale », qui dans le fond peut être très répétitive et perdre de son sens. Donc, d’après Faber et Mazlich, si mon enfant a rangé sa chambre, je vais lui dire quelque chose du genre : « Tu as déposé toutes tes chaussettes dans un bac, mis ton linge sale dans la machine, trié les Legos et les Playmobils ! » Tout est dans le point d’exclamation ! Vous le sentez en le lisant, le retirer ferait probablement perdre du… PEPS à la formule.

De même, s’il a fait un dessin, je dirai par exemple : « Il y a du rouge ici et du bleu là, les courbes occupent tout l’espace de ta feuille, tu as pris la peine de mélanger les couleurs pour obtenir ce vert, etc. » C’est une alternative possible et pratique, mais de là à l’utiliser à chaque fois que mon enfant répond à une attente, produit une œuvre artistique ou se lance dans une activité spéciale… Je suis convaincue qu’il y a non seulement d’autres façons de faire, mais de nouvelles idées à trouver.

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Les punitions ont-elles un effet sur le cerveau ?

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Article du Dr. Catherine Gueguen (pédiatre),
publié dans le numéro 7 de PEPS au printemps 2014

Les progrès réalisés ces dernières années dans la connaissance du cerveau affectif de l’enfant sont considérables. ils montrent que oui, paroles humiliantes, menaces et punitions laissent des traces physiques sur le cerveau de l’enfant.

Ces découvertes scientifiques modifient notre compréhension de l’enfant et nos idées préconçues sur une « bonne éducation ». Une relation empathique et aimante se révèle la condition fondamentale pour permettre au cerveau d’évoluer de manière optimale et pour qu’il puisse déployer toutes ses facultés affectives et intellectuelles.

Durant les premières années de la vie, le cerveau est très vulnérable : les relations de l’enfant avec ses parents et son entourage ont des effets profonds sur les structures et les circuits cérébraux, et sur le développement global de son cerveau. Ces relations retentiront ainsi de façon déterminante sur son comportement social et cognitif, notamment sa capacité à surmonter le stress, à vivre ses émotions et à exprimer son affectivité.

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Tu seras puni !

peps-couv07Article de Catherine Dumonteil Kremer
publié dans le numéro 7 de PEPS


« Il va payer » ou bien « Il va comprendre », voilà les deux objectifs d’une punition. Encore très largement pratiquée aujourd’hui au sein des familles mais aussi des collectivités : crèches, écoles, collèges, lycées, maisons d’arrêt, centres de détention (toutes les prisons françaises ont leur « mitard »), hôpitaux psychiatriques (l’isolement reste la punition des malades agités), etc.

Punir, c’est blesser, faire mal à l’autre dans le but de l’amener à faire « bien ». Il y a mille façons de tourmenter un enfant. Tout ce que nous lui faisons sous la contrainte, pour lui démontrer qu’il a eu tort et qu’il faut faire autrement, entre dans cette vaste catégorie. Ainsi le sens des mots « apprendre » et « montrer » est totalement détourné à la faveur d’une « pédagogie » dont les résultats néfastes sont chaque jour un peu plus mis en évidence. Car l’enfant, comme tout être doté d’une mémoire, apprendra seulement à éviter la blessure.

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S’écouter pour s’entendre, un défi pour la relation

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Article de Mélanie Pinot
publié dans le numéro 1 de PEPS

Bien souvent j’ai envie d’obtenir quelque chose de mes enfants. J’aimerais qu’ils « m’obéissent », qu’ils « m’écoutent ». Et si j’avais effectivement besoin d’écoute quand je leur donne cette injonction ? De la même manière, leur « désobéissance » affirme peut-être leur besoin d’être écouté et entendu.

L’écoute est tout un art… encore plus délicat avec les enfants. Car elle est mal vue en posture d’autorité, elle nous renvoie au plus profond de nous-mêmes et elle nous demande de donner à l’autre ce qui peut-être ne nous a pas été offert.

Tao vient de pleurer profondément à deux reprises ce soir. De belles larmes, de gros sanglots, les yeux rouges, la gorge déployée et de grands spasmes dans le ventre. J’étais touchée de voir mon fils de cinq ans et demi se détendre et évacuer ainsi ses tensions, fière d’avoir été disponible pour accueillir ses pleurs et entendre sa tristesse. Cette décharge émotionnelle est libératrice pour lui et la relation !

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Organiser la Journée de la non-violence éducative

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ORGANISER LA JOURNÉE DE LA NON-VIOLENCE ÉDUCATIVE

Article de Anne-Marie Bosems, Brigitte Guimbal Catherine Dumonteil Kremer et Nathanaëlle Bouhier Charles,
paru dans le numéro 3 de PEPS au printemps 2013.

Depuis 2004, autour du 30 avril, des parents de France, de Belgique et de Suisse se mobilisent pour la non-violence éducative. Et si vous les rejoigniez ?

Il existe un « No spank day1 » aux États-Unis depuis 1998. En 2004, cela a donné à Catherine Dumonteil-Kremer l’idée de proposer aux membres de la liste de discussion Parents Conscients2 de créer une journée dédiée à la promotion d’autres façons d’élever ses enfants, sans claque ni fessée, sans chantage, sans menaces et sans punition.

Dès la première année, des rencontres se sont organisées dans toute la France, animées par les parents, l’association La Maison de l’Enfant3 se chargeant de coordonner et centraliser les actions. Depuis, la journée se renouvelle tous les ans autour de la même période4.

Les rencontres peuvent prendre des formes extrêmement variées, de la plus simple à la plus organisée. Quelques exemples : une année, des parents ont fait le choix d’informer tous leurs proches de leur mode d’éducation, en envoyant un mail explicatif accompagné de références bibliographiques ; certaines personnes ont organisé des pique-niques discussions dans des parcs ou dans leur jardin ; d’autres ont préféré mettre en place des réunions un peu plus formelles dans des salles communales, des ludothèques, des maisons de quartier, des cafés alternatifs. On a pu trouver aussi des stands d’information sur des places ou des marchés, des expositions, des conférences d’Olivier Maurel, de Catherine Dumonteil-Kremer, d’Isabelle Filiozat, de Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau et de Sophie Benkemoun. Autres événements mis en place : théâtre forum5, saynètes de rue, jeux de rôle, ateliers de CNV6, spectacles pour les enfants, concerts, projections de vidéos, lectures de textes…
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